vendredi 17 septembre 2010

Tergiversations sur le skate de nuit

Frame by Frame out now 3 from Romain Batard on Vimeo.



Chez La Lodge, il faut bien l'avouer, nous sommes très friands de la pratique de la planche aggréssive de nuit. Et cependant, il me semble qu'aucun de nous ne sache vraiment pourquoi le skate de nuit peut s'avérer être autant jouissif. Voici donc, en 3000 signets, ponctuation comprise, l'explication qui nous semble être la plus logique.

Il est désormais entendu et accepté que le skate n'a plus rien de marginal et que n'importe quel individu en quête de "fun" et de "good vibes" peut se procurer la-dite planche et partir à l'assaut des rues, le tout avec une panoplie dite de "sport extrême". Certaines mauvaises langues diront que l'assaut des rues en question se limite très souvent à rester cloîtrer dans un skatepark en vue de s'entrainer pour le prochain Skate à l'Ouest Contest, préstigieuse compétition qui n'est autre qu'un moyen de s'assurer les faveurs des spectatrices et de leur faire partager ces fameuses "good vibes". Cependant, c'est un débat dans lequel nous nous garderont bien d'entrer par peur de froisser les esprits.

Hors, la rédaction de notre ambitieuse feuille de choux est largement conservatrice et déplore amplement cette démocratisation de la pratique du véli-planche. Aussi nous militons virulemment (si si, il est bon celui là - NDLR) pour que le skateboard reste une activité marginale comptant parmis ses pratiquants des personnages créatifs et hauts en couleur. C'est donc à travers le skate de nuit que se matérialise notre mouvement de protestation.

Alors que les athlètes de l'extrème se reposent de leurs durs efforts, nos journalistes sont dehors jusqu'au petit matin. C'est peut être à cette période de la journée qu'il est possible de jouir au maximum de la liberté que ce petit bout de bois offre. La ville se vide des ses individus les plus respectables, la faune nocturne fait son apparition, et les interactions avec le spectateur se font plus nombreuses et plus intenses. Ainsi, il n'est pas rare de voir une glissade sur l'épaule sur plusieurs mètres être accueillie par les clameurs téstoteronnées d'une troupe de douches en partance pour une discothèque où la chemise se porte en satin et près du corps et où la musique est à tendance latine. Je digresse. Parfois également, il s'agit du hobo local qui offre généreusement de partager son herpès avec vous via le goulot d'un bouteille de whisky, en vue de vous donner un peu de courage pour votre prochaine cascade à tendance aggressive et extrême. Le vendeur d'épices locales viendra aussi vous proposer ses tarifs aguichants, et si vous êtes quelque peu chanceux et qu'il se trouve offusqué par votre refus, vous aurez toutes les chances de devoir esquisser quelques pas de danse avec cet attachant individu qui n'est pas le dernier pour la bagarre. Enfin, les arrêts à chaque spots se voient très souvent écourtés par des riverains excédés par le bruit mélodique de nos planches. Vous aurez beau leur expliquer que le skate se passe dans la rue et que c'est une activité mi-physique mi-artisitique et que d'ailleurs ils n'ont qu'à voir la part de Jason Dill dans la Photosynthesis, ces gens là ne voudront rien entendre et resteront pérsuadés que la nuit est faite pour dormir, sous le tendencieux prétexte qu'ils doivent se lever à 6h pour travailler le lendemain, et qu'il est déja 3h30. Bien heureux les simples d'esprit. Il se peut aussi qu'un riverain excédé se transforme en formidable ami à usage unique et vienne discuter avec vous des enjeux du skate de rue dans une société où il faut être toujours plus productif pendant 30min, avant de vous avouer que le bruit des planches le berce quand il joue à sa console de jeux vidéos.

En d'autres termes, la nuit replace le skate dans le contexte au milieu auquel il appartient: les freaks, et lui redonne ses lettres de noblesse. Perdants magnifiques, les skateurs sont dehors dans une environnement urbain quasi désert à une heure où le douche couvert d'auto-bronzant chasse la gazelle sur une musique mi RnB mi électro et où les gens normaux mènent un vie sociale normale et saine. Et peu nous importe si les regards des demoiselles endimanchées sont rarement pour nous, parce que pousser à fond sur une rue déserte avec ses homies est un sentiment qui peut difficilement être égalé.
Après mûre réflexion, la rédaction souhaiterais préciser qu'un regard de temps en temps ne ferait pas de mal.

ps: une vraie douceur, ce teaser par le RB Umali français (époque 90s bien sûr), Romain Batard.

mardi 14 septembre 2010

Discours sur la nature du skate britannique

Chez La Lodge, on affectionne particulièrement le skate britannique. Il ont beau être moches, maigrichons, mal habillés, il y a toujours une sorte de grâce qui émane des ces êtres palichons qui arpentent leurs rues rugueuses en quête d'un ledge qui ne glisse pas un poil. Une sorte de déchéance poussée jusqu'à son paroxysme pour finalement éclore et produire une chose totalement hors norme. Il n'y a qu'à voir la maigreur squelettique du sieur Jensen pour comprendre de quoi il s'agit. La glissade sur l'essieu avant en opposite est facile et cependant elle ne fait aucunement rappel aux nombreuses déclinaisons proposées par le OG sieur Sad dans la 411 best of 4(1997?) que bon nombre de nos collaborateurs ont épluché tout en s'enivrant d'hydroponique durant leur jeunesse. Jeunesse, quand tu nous tiens. Et cependant, bien que les 90s soient occultées, la grâce est là et le switch nosegrind se voit insufflé un second souffle et adapté à l'austérité de l'architecture britannique.

Une interprétation utopique? Certes non. Que notre lectorat se rassure, nous votons bien à droite et avons amplement conscience de la largeur du postérieur du Paul Shier, du style affreux de Mark Baines et de l'étrange ressemblance de Sylvain Tognelli avec Rodney Mullen (si si il est anglais maintenant) (source: Mr Pento). Alors quel est l'ingrédient magique qui fait que le skate britannique soit si attirant? Le réalisme, justement. De même que les plus grands pornographes vous diront de miser sur l'amateurisme de nos jours, le skate anglais est bien ancré dans son ère et nous rappelle quotidiennement, de par la laideur de ses protagonistes, que nous ne sommes pas des héros californiens au dos tatoué, et que jamais nous ne le seront. Une bonne leçon d'humilité pour chacun, en ces temps durs où le skate s'apparente plus à un concours canin qu'à ce qu'il n'est vraiment: une façon implicite et poétique de faire l'amour aux types d'architectures les plus hostiles.

ps: je suis ivre.


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