lundi 29 décembre 2014

Un skateur fait son coming-out et se retrouve lésé par ses sponsors et team-mates

Par respect pour la vie privée des protagonistes, les noms qui sont utilisés dans cet article sont fictifs.

Tony Cuve, une légende mis au placard (M. Schenk)


Tony Cuve est un skateur sponsorisé depuis plusieurs années par des marques françaises et européennes. Ses apparitions dans les magazines sont régulières et il filme constamment pour de nouveaux projets. Et pourtant, le mois dernier lorsqu'il a annoncé une importante nouvelle à ses sponsors, aucun d'entre eux n'a décidé de continuer à le supporter.

"Voilà, ça faisait déjà plus d'une décennie que je me mentais, j'essayais de faire comme les autres, pour m’intégrer, mais pourtant un jour, il a bien fallu que je me l'avoue... je ne suis pas un artiste."

L'annonce de cette nouvelle a été très mal reçue par les sponsors et team-mates de Tony Cuve qui se sont peu à peu détournés de lui. Dans les vestiaires, Tony Cuve devient la cible régulière de quolibets et ses sponsors se moquent de lui en lui envoyant des chaussures en taille 36 et des planches en 7,4, lui qui a des palmes en guise de pieds.

Envoyer vos dons à l'association de soutient La Cuve

Dans un industrie où les hobbies artistiques prennent le pas sur la pratique même du skate, Tony Cuve s'est donc vu peu à peu mis au au placard. Les propositions de projets se sont faites plus rares ; en session, les photographes ont commencé à se montrer de plus en plus réticents à braquer leur objectif sur lui. Pour finir, il se fait désormais régulièrement snaker sans vergogne par ses team-mates sur les spots.

Pour Tony, qui a tout essayé pour se sentir normal, cet traitement est dur à encaisser : 

"J'ai bien essayé de me mettre à l'argentique, je prenais des photos de mes pieds ou de SDF,  puis à la peinture sous la pression des sponsors. Mais non, ça n'était pas moi. A la fin, j'ai même essayé les puzzles, les maquettes d'avions ou le crochet... Mais rien à faire, même ça ne m'attirait pas. Non, je dois avouer que si je me suis mis au skate, c'est juste parce que j'aime bien en faire."

Tony est bien décidé à continuer sa carrière coûte que coûte, un beau message d'espoir.

Malgré un choix de vie hors norme qui ne plait pas à tout le monde, Tony Cuve a décidé de continuer de faire son bout de chemin en dépit des préjugés qui l'entourent. Aujourd'hui il a monté l’association La Cuve, qui permet à de jeunes skateurs de se retrouver entre eux pour skater à l'abri des regards critiques. Espérons qu'à travers lui, les jeunes skateurs qui ont honte de ne pas savoir dessiner ni prendre de photos trouveront un modèle pour les inspirer à continuer de pratiquer le skate-board.


vendredi 26 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #1 : Brandon Westgate "Zoo England"


Vos cadeaux de Noël vous ont encore profondément déçu, votre petite amie et vos parents ont encore une fois cru bien faire en mettant votre passion au centre de leurs cadeaux en vous achetant, respectivement, une board en 7, 5 et un pantalon à genouillères intégrées. Heureusement, votre véritable cadeau de Noël, et la réponse à toutes les interrogations qui ont marqué votre réveillon, est enfin arrivé, Brandon Westgate est #1 baby !

En anglo-saxon, "west gate" signifie littéralement "les portes de l'Ouest". Aussi, il est bien connu que dans l'imaginaire collectif américain, l'Ouest représente l'inconnu pour les colons fraichement débarqués, les territoires encore vierges, une infinie de possibilités sur une terre qui ne semblait jamais avoir de fin. Eh bien, le skate de Brandon Westgate est également une porte vers la nouveauté et l'inexploré. Ce pays merveilleux où les rails se skatent en remontant et où la gravité ne semble plus faire loi.

Karate Kid

Cependant, cette part n'est pas entièrement dénuée de tout lien avec le passé. En véritable hommage à l'histoire du skate est-côtien, Brandon ouvre sa part dans la même rue que Donny Barley dans la Eastern Exposure 20 ans auparavant. Brandon Wu nous montre donc à quel point son skate est la progression logique de celui de ses prédécesseurs : la rugosité de la Nouvelle Angleterre, la puissance des ollies et le recours au crâne rasé, symbole de détermination guerrière.



Ce jeune Donny-B 2.0 aura donc su séduire nos journalistes, et malgré de houleux débat jusqu'à 5h du mat' autour de la soupe à l'oignon, il remporte donc la palme. C'est cette approche no bullshit que l'on appréciera particulièrement, ce recours à des tricks simples et intemporels amenés à des proportions vertigineuses, le tout dans la plus pure tradition zoo-yorkaise.

On savourera aussi cette apparition fugace de Ron Deily au style décontracté qui n'est pas sans évoquer la silhouette dégingandée de Sammy dans Scoobidoo. Un peu de paresse dans un océan de détermination n'a jamais nuit à personne.

mardi 23 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #2 : Madars Apse ex-aequo avec 2 célébrités locales



En #2 de notre calendrier qui rythme désormais votre tristounet quotidien, celui que l'on surnomme amicalement le "coton-tige géant" dans les milieux où l'on ne paye pas son matos, Madars Apse !! Yalla !

Madars Apse vient de la très belle et sous-estimée République de Lettonie. Un pays noble et mal barré puisque frontalier avec la Russie. On notera tout de même que l'entrée de la Lettonie dans la zone Euro (2014) correspond avec l'année où Madars devient professionnel de street-planche chez des marques américaines. On pourra donc nous faire croire que le skate est détaché des milieux financiers, voire même une culture underground, mais sachez que si vous n'apportez rien au CAC 40, vous êtes condamnés au flow team à vie. Théories du complot, quand tu nous tiens.

être Letton ou comment partir avec un sérieux handicap pour devenir pro chez les Américains

Pour en revenir à la Lettonie, et d'après les recherches quasi-scientifiques de nos envoyés spéciaux, il faut savoir que la majorité des Lettons font ça le week-end :


un samedi matin, quelque part en Lettonie

Vous comprendrez donc aisément qu'il n'est pas facile de pratiquer la planche sur la place du village, encore moins d'acquérir la dextérité de Madars. C'est pour cela que notre feuille de choux a décidé de saluer ce grand blond.

Plus sérieusement, ce qu'on appréciera dans son skate, c'est cette décontraction, cette capacité à vous faire sentir que le mec a décidé de poser des vacances d'aujourd'hui, jusqu'à la fin de sa vie. Où qu'il aille, que ce soit une tournée DC avec des team-mates qui rigolent pas des genoux ou son émission de TV réalité sponsorisée par Red Bull, Madars chille sévèrement. Il semble qu'il sera toujours le mec qui propose un nouvel angle d'attaque sur un spot, celui qui cruise quand d'autres se mettent la mission sur un trick compliqué. Si vous avez des doutes, checkez la deuxième line dans un half-pipe naturel à Dubaï. Le mec envoie du casper comme votre vieux pote de lycée qui avait un peu trop regardé Rodney Mullen et qui aimait s'afficher en pogo à la sortie des cours.
Ce qui est marrant, c'est de se dire que ce gars a exactement les mêmes sponsors que Nyjah Huston (DC + Element + Energy Drink) et pourtant, il semble qu'il gagne un passe-droit pour tout. Le voir samedi prochain au Plus Grand Cabaret du Monde ne m'étonnerait pas plus que de le voir dans une obscure vidéo indé. Et c'est précisément cette nature de caméléon qui nous a séduit de manière totalement virile.


Lorsqu'on parle de vacances à vie, comme celles dans lesquelles semble s'être embarqué Madars, on ne peut pas ne pas penser à deux de nos célébrités locales girondines, Raphaël Marque et Xavier Bénavides.  Étroits collaborateurs de soirée avec notre rédaction, on peut vous assurer que lorsqu'il s'agit de vacances, ces deux là vont vous mettre aussi à l'aise qu'un boardshort coupé au quart de cuisse. Certains vous parleront de pots-de-vin pour arriver dans notre calendrier, il n'en est rien. Sachez que ces deux rippers méritent amplement la #2 place aux côtés de Madars, que ce soit pour leur level ou l'ambiance qu'ils vous mettrons au cours d'une session.





Notre rédaction souhaiterait également s'excuser d'avoir effacer le flip front fakie nose grind revert de Raphaël à Pey Berland, faute qui a probablement ruiné sa carrière dans le game. Voilà, nous somme quittes !

Le calendrier de l'Avent #3 : Lucas Puig "Poolside Remix"

On avait choisi quelqu'un d'autre en #3 à la base, mais arrivé devant le clavier, impossible de s'en rappeler, donc va pour Lucas qu'on avait honteusement, mais à dessein car trop prévisible, laisser en dehors de cette course à la perfection et au bon goût qu'est notre calendrier de l'Avent.

El padre, donc. Il padrino. Le parrain de la décontraction et du sportswear chic. Le Al Pacino du Sud-Ouest hexagonal. Le Maïté des cités.

You talkin' to mi ?!

Un remix des footages de Lucas Puig par Quartersnacks, c'est un peu comme tremper des pop-tarts dans un cassoulet. C'est la rencontre du terroir occitan avec la jeunesse et vigueur de l'esprit américain. Tentant mais risqué. Comment des américains, ignares sans Histoire, apolitiques et incultes, pourraient comprendre des siècles et des siècles de Culture française pour éditer de manière légitime une part de Lucas ? Étrangers à la culture du ballon rond, comment pourraient-ils interpréter l'usage du short mi-cuisse ? Enfin, perdus dans une mégalopole à la vibrante économie (NY), où ils n'ont même plus le temps d'apprendre de nouveaux tricks entre leurs deux jobs, comment pourraient-ils comprendre le désœuvrement de ces jeunes à Dalavas qui les pousse à l'hypertech et aux tenues estivales osées? 




Mystère. Cependant la sauce prend plutôt bien et c'est avec plaisir que nos journalistes ont vu ou revu ces images d'un Lucas en grand forme. Pour notre rédacteur en chef, qui partage son année de naissance avec le skateur toulousain aux mollets de la taille de nouveaux nés, Lucas a toujours été un index de son talent. En effet, il se rappelle avec émoi ouvrir un Freestyler aux alentours de 1999 pour y découvrir un Lucas Puig, alors âgé de 12 ans, en flip front roastbeef sur un quarter et se dire : "Bon, si je veux être bon, il faut que j'apprenne ça demain !". En vain. Puis ainsi, de désillusion en désillusion, notre bon vieux rédacteur a compris que jamais il ne rattraperait son retard, ce qui l'a poussé à se tourner vers la plume et le pâté.

Fashion week in Paris. Alex Olson n'a qu'à bien se tenir.

En ces temps de réforme de la carte des régions, nous conclurons cette entrée sur la haine viscérale que tout Bordelais voue aux Toulousains. Un jour, un Toulousain en voie de reconversion (comprendre expatrié à Bordeaux), m'a expliqué la démographie toulousaine en ces termes : "Tu vois, Toulouse, c'est la porte ouverte vers le Sud-Est. C'est la où commence la culture du gino et du kakou, où l'on commence à entre-ouvrir sa chemise, pour la porter entièrement ouverte à Marseille ou Perpignan." Enrichis de ce moment de partage des cultures, nos journalistes ont enfin compris la complexité de l'héritage toulousain. C'est pourquoi nous profitons de cet article pour tendre une main aux toulousains qui souhaiteraient quitter leur ville mais n'osent pas en parler autour d'eux de peur de se faire rosser à coup de saucisse, spécialité locale :

Nous avons un abri, nous avons du vin, nous avons des draps en satin, nous avons des spots. Venez, vous serez accueillis, vous serez choyés, et le cauchemar toulousain ne sera plus qu'un mauvais souvenir pour vous.


dimanche 21 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #4 : Bobby Worrest "Hometurf Killer"



En ces temps où l'on cherche à bâtir l'Europe, il est parfois rassurant de se recentrer sur des formes de nationalismes voire régionalismes les plus primaires. C'est cet angle d'attaque qu'a choisi d'adopter Bobby Worrest dans sa part Hometurf Killer. En produisant une part entièrement filmée sur son spot local de Washington D.C., la célèbre plazza de Pulaski, il affiche son soutient à la théorie de ce génie incompris de Bobby Puleo, pour qui un skateur se doit de filmer exclusivement dans son environnement naturel (i.e. sa ville natale). Pas de chance, chers lecteurs du monde rural, restez dans les Deux Sèvres, et tentez de faire carrière.


Bobby, au seuil du train qui le mènera vers sa destinée


Cependant Bobby Worrest a également prouvé sa largesse d'esprit en offrant à la plèbe d'internautes deux autres parts, l'une filmée largement en Californie et l'autre à New York. Sacrée année pour ce bon vieux Bobby qui s'est aussi affiché sans honte au cours de cette année dans l'émission de Ryan Sheckler, allant même jusqu'à partager un tatouage commun avec cet homme multi-sports. Oui, les matinées sont parfois un peu longues au bureau et nos reporters s'égarent parfois sur des sites d'un intérêt douteux.

Enfin, c'est sur une note d'auto-congratulation que nous conclurons cette entrée en évoquant le nouveau sponsor de Bobby, à savoir Nike. Rappelez vous en 2010, avant que la crise ne frappe notre feuille de choux, nous poussant à se restreindre à l'échelle nationale, abandonnant ainsi par la même occasion la langue de Shakespeare au profit de celle de Nabila, nous avions déjà prévu le tour qu'allait prendre les évènements et nous imaginions déjà Bobby chez Nike.


Allez, on va skater maintenant, hein !

jeudi 18 décembre 2014

Austérité et skateboard : Nouveau projet de loi touchant directement les skateurs

Lors du conseil de ministre de cette semaine, François Hollande a annoncé une nouvelle loi dans le cadre de la politique d'austérité qui affecte directement le monde du skate. Le trimestre dernier, face aux abus des intermittents, il avait augmenté le temps de carence entre leur arrêt de travail et leur indemnisation. Cette fois-ci, face au recours abusif des skateurs au no-complys et wallrides nollie out, il a tout bonnement décidé de rayer ces deux figures de la Liste des Figures qui Comptent.




Voici un extrait de son discours :

 " Une loi doit être en cohérence avec son temps. Aujourd'hui, tout le monde sait faire et tout le monde fait des no-complys et des wall-rides nollie out. Nous en voyons dans chaque part, à toutes les sauces, ils viennent combler des trous dans les lines et ne surprennent plus personne. A tel point, qu'il est légitime de dire qu'ils ont perdu tout leur sens et leur attrait, surtout que les gens ne les ratent jamais une fois qu'ils les ont appris. C'est pourquoi, en collaboration avec le Ministre de la Jeunesse et des Sports, nous avons décidé de rayer ces figures de la Liste des Figures qui Comptent."
Plus clairement, à partir du 1er Janvier 2015, tout no-comply ou wallride nollie out dans une line sera compté comme nul. Par exemple, une line de 3 tricks avec un no-comply sera comptabilisée comme une line de 2 tricks. Une mesure prise pour d'évidentes raisons économiques face à la multiplication de ces deux figures dans toutes les vidéos de skate contemporaines.

Pontus Alv, dépité, à l'annonce de la nouvelle


Un coup dur pour les teams Converse et Polar qui étaient en bouclage de leur vidéo. Si la loi est bien acceptée par le Sénat et l'Assemblée, leurs vidéos ne compteraient respectivement plus que 7 et 9 tricks. Les réactions de la skatosphère se sont faites rapidement entendre : les Blobby's ont évoqué une possible séparation, de son côté Jake Johnson a menacé de mettre un terme à sa carrière pour écrire un livre sur les sectes.

les jeunes skateurs sont descendus dans la rue, bizarrement Flop Marfaing est resté chez lui

Rapidement des réactions se sont multipliées au quatre coins du pays, amenant de jeunes skateurs à descendre dans les rues. À Paris, des casseurs se sont joints à eux et ont causé de sévères dégâts : plusieurs mûrs ont été saccagés á coup de wallride nollie out, laissant d'irrémédiables petites traces noires. Pour ces jeunes, il s'agit bien plus que de sauvegarder deux figures, il s'agit de sauvegarder leur monde de vie, à l'instar de Alexandre, 15 ans :

" Vous comprenez, c'est très important pour nous. Grâce à ces figures, on avait plus besoin d'apprendre de nouveaux tricks. On pouvait les faire toute la journée et faire croire qu'on était bon. Même qu'avec le no-comply, on avait plus besoin de sauter ! On pouvait rester le pied avant au sol pendant tout le trick, sans que ça ne gêne personne."


Alexandre, 15 ans, a décidé de descendre dans la rue pour manifester son mécontentement.

Mais devant l'évident ras-le-bol face à son interventionnisme, le gouvernement a souhaité ne pas s'arrêter là, et d'ores et déjà un projet de loi sur les slappys est en cours de rédaction. Affaire à suivre, donc.

mercredi 17 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #5 : Chewy Cannon et Benny Fairfax



Dans les bureaux de La Lodge, la marque Palace et ses représentants sont souvent la cible de quolibets et moqueries pour des histoires de musique de mauvais goût, de comportements de fans de foot et autres produits textiles à des prix défiants l'inflation. Cependant, tel Jean-Marie Le Pen que l'on critique volontiers ouvertement au dîner le samedi soir, mais dont on glisse le nom dans l'urne une fois à l'abri des regards le dimanche matin entre Auto-Moto et Warning, nos chers journalistes aiment parfois se retirer dans l'obscurité de leur bureaux pour visionner des clips estampillés Palace. 


Hyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyype

Car il faut bien le reconnaître, ces guérilleros urbains apportent quelque chose de fondamentalement nouveau dans le game. Chez Benny Fairfax, nous apprécierons son élégance qualifiée d'ethnico-urbaine par Vogue, mais ce seront surtout les lines de Chewy Cannon et sa capacité à rebondir tel une balle de flipper électrisée sur tout le mobilier urbain l'entourant qui auront retenu notre attention.

Une ombre au tableau cependant, c'est l'incompatibilité fondamentale entre la mode du jogging en coton prisé par ces ambassadeurs de la briquette et cette autre mode, issue de l'inquiétude apparemment grandissante chez les skateurs de perdre leurs clés, du port du mousqueton affublé d'un trousseau de clés d'un bon kilo et demi.

Le mousqueton, symptôme d'une angoisse de la perte des objets contagieuse chez les skateurs. D'après Freud, cette angoisse est liée à une peur de l'abandon aussi appelé "névrose de l'abandon" chez le nourrisson. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Angoisse_de_perte_d%27objet )

En effet, un de nos confrères a tenté dangereusement de combiner ces deux modes avant de voir son sweatpant céder aux dures et impardonnables lois de la gravité et de se retrouver le derrière exposé devant la machine à café, dans l'impossibilité de remédier à son calvaire, les mains mobilisées par son moccachino et son donut de sa première pause de 8h45. (On embauche à 8h30 chez La Lodge)

Heureusement, notre PDG, sous ses faux-airs de Ronald Reagan, sait maintenir un certain niveau de hypitude et autre swagginess en combinant avec brio le sweatpant à la Palace et les Dylan de chez HUF.

Dan Flatula, PDG de La Lodge

mardi 16 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #6 : Dan Plunkett "A video part about nothing"



C'est avec une coolitude semblable à celle d'Yves Noël nous présentant Sports Événements un dimanche matin de que nous vous proposons la part de Dan Plunkett en #6 de notre calendrier.

Dan est un local d'Atlanta, ville de Justin Brock et Grant Taylor. Autrement dit, une ville qui n'accouche que des gros durs. En effet, Dan est un tatoué, un bandit, un rapetou, un risque-tout, voire même un trompe-la-mort, et cette attitude se reflète pour notre plus grand plaisir dans sa pratique de la planche.


Un dur, un vrai, mais aussi un homme avec ses fêlures constamment relégué au rang de man am
Une raideur du dos qui n'est pas sans rappeler Gino Iannuci, des replaques d'une désinvolture frisant l'insolence, Dan Plunkett est un des favoris de la rédaction depuis plusieurs années maintenant. Malheureusement, les sponsors ne semblent pas forcément être dotés du même bon goût que nos ventripotents journalistes car il stagne toujours chez Skate Mental, et HUF ne semble pas lui ouvrir les portes du monde très exclusif des professionnels de la savate de skate.

Si vous avez quelques minutes devant vous, nous vous proposons ces quelques clips issus des tournées Elwood qui ont fait le bonheur des nos collaborateurs lors de dimanches matins pluvieux, accompagnés de Nesquik pas très underground ; clips au cours desquels ce cher Daniel s'illustre avec brio et panache. 

lundi 15 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #7 : Mark Suciu dans "Search the Horizon"


#7 de notre calendrier de l'Avent, le très poli et bien sous tout rapport Mark Suciu dans la Search the Horizon parue en tout début 2014.

Il faut avouer qu'au début, son côté "trop bon élève" a un peu rebuté certains de nos journalistes plus attirés par la silhouette élancée de Fred Gall dans la vidéo. Un niveau indéniable, mais un côté un peu lisse en comparaison des parts d'Alex Davis ou Delatorre dans la même vidéo. C'est vrai aussi qu'avec une part de trois chansons, un tour du monde des spots, la part pouvait paraître avoir des ambitions anthologiques.

Et pourtant avec le temps, ce freshman de la Temple University de Philadelphie a fini par gagné notre intérêt. L'omniprésence de Philadelphie dans ses parts trace un lien chronologique qui fait sens avec les anciennes vidéos Habitat. Les lines à Love Park ne sont pas sans rappeler les early days d'un jeune Pappalardo avant la spirale infernale des tabourets en bois. Et puis crotte, le choix de tricks aussi ! La line à Londres sur le spot d'Olly Todd avec les barres blanches et les mini-banks a plongé nos plus sensibles journalistes dans une mélancolie dont seule une cannette bien fraîche envoyée au visage pouvait les sortir. Ce que l'on appréciera donc chez ce jeune homme au skate bondissant qui est encore l'un des rares à skater des boards en dessous de 8 pouces, c'est la capacité à assurer une transition entre les Habitat OG's et la nouvelle image de la marque fortement marquée par la photographie argentique et la consommation de breuvages caféinés issus du commerce équitable.

frontside nose slide sur une photo visiblement tournée à 90°

samedi 13 décembre 2014

La calendrier de l'Avent #8 : Kevin Coakley dans "Traffic"


Membre actif de la communauté des dos voutés, une stature qu'il a probablement hérité des générations et générations de marins de sa famille qui se tuaient à la tâche dans le port de Boston, pour brûler leurs économies en putes et whisky bon marché le week-end, Kevin Coakley est passé pro pour la très core et inactive marque de Ricky Oyola, Traffic Skateboards en cette année 2014. Cette part, qui déclencha moult hourras dans notre département East Coast du journal, classe définitivement Kevin Coakley dans la catégorie des skateurs régionalistes. Chaque clip est un hommage à son hometown et sa célèbre architecture de briquette rouge apportée d'Angleterre par les colons pour mieux tataner les natifs américains. 



En regardant sa part, sans même être allé à Boston, on a le sentiment que chacun des spots ne pourrait se trouver ailleurs. Ces étroites ruelles, ces entrées de maisons bordées de larges hubbas kinkés aux formes diverses qui peuvent être skatés en roll-in, manual ou en ledge,  Ce que l'on appréciera donc particulièrement dans cette part, c'est qu'elle donne à voir un skateur qui est le fruit de son environnement, qui s'y est adapté pour proposer un skate vraiment personnel, le genre de skateur qu'on reconnait immédiatement dans un montage parce qu'il à son style et un choix de spots qui lui est propre.

jeudi 11 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #9 : Steve Brandi dans la "Static V"

ollie jusqu'à la 9e place, à Meulin, c'est joli Meulin à cette époque de l'année, tiens.

C'est avec plus de tonus et de bonne humeur que Charlie et Lulu lors d'un Hit Machine que nous vous présentons le #9 de notre la calendrier de l'Avent de 2014 : issue du dernier opus de la série de vidéos Static de Josh Stewart, la part de Steve Brandi.

Tout comme la boisson alcoolisée qui est son homophone, Brandi réchauffe le cœur, fait  du bien à l'âme et rend la solitude nocturne agréable, voire préférable. La voix a cappella de Marvin Gaye nous enveloppe et nous drape de la cape magique de l'underground pour nous enfoncer dans les bas fonds new-yorkais.

Jadis un techos floridien, désormais transfuge new-yorkais chez la marque Hopps,  Steve fait part de plus de retenue lors de cette part que part le passé. Des tricks simples, puissants élégamment réalisés, un port de tête qui suscite l'émoi chez nos journalistes les plus sensibles au charme masculin.Comme un bon whisky vieilli en fût de chêne, Steve revient aux essentiels, au basiques dans cette part. En somme un skate d'adulte.

Steve et ses sauces en Floride, jadis

Nous sommes dans l'incapacité de vous fournir la part, pour des raisons de doigts d'auteur qui sont trop boudinés, cependant nous vous enjoignons à regarder cette part. Nous soulignerons tout de même, au milieu d'une ligne à la sobriété d'un cardigan Fred Perry, ce switch hardflip en flat, figure anachronique, presque hors de propos, comme une piqûre de rappel pour nous dire que Steve en a encore sous le capot.


Contrairement à ce que laisse entendre l'intro, ceci n'est pas une full part de tennis, mais sa vidéo d'intro chez Hopps

mardi 9 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent #10 : Sylvain Tognelli dans "Café Clope"


C'est avec une fierté patriotique frisant le nationalisme que nous présentons la part de Sylvain Tognelli dans la Café Clope de Nozebone en #10. Outre une silhouette d'une ressemblance déconcertante avec celle de Rodney Mullen, nous retiendrons chez Sylvain une capacité à faire apparaitre dans une même part, voire une même line, aussi bien des tricks hautement hesh tel le back disaster sur la courbe DIY que des tricks nécessitant un doigté particulièrement affuté pour être effectué avec élégance, comme seuls les poètes urbains torturés de Isle savant le faire.

parlons d'originalité...

Un personal favorite de la rédaction, Sylvain trouve cependant sa place au bas du classement, car sa part ne brille pas autant que les précédentes. En effet, accompagné tour à tour par les très mélancoliques Mazzy Star dans la Blueprint ou le toujours sexy David Bowie dans la Eleventh Hour, il avait presque donné envie à nos journalistes de déménager dans son Jura natal dans ses parts antérieures. Cette fois-ci, moins d'émoi donc, mais toujours une affection particulière pour son style au dos vouté, comme s'il portait à lui seul le taux de chômage du Jura sur ses épaules. Enfin, ce que l'on retiendra peut-être plus que tout, c'est sa capacité à exécuter des manœuvres qui sortent vraiment de l'ordinaire. On ne parle pas ici de wallies et autres no-complys qu'il semble si original de mettre à toutes les sauces ces temps-ci, mais d'étranges moves tels que le switch hurricane, le grind revert back (avec le revert comme si c'était une sortie de bs nose grind revert back) sur le low to high aussi vouté que son dos et une prédilection pour les trop souvent délaissés varial flips.


lundi 8 décembre 2014

Le calendrier de l'Avent # 11 : Zered Bassett dans "Outliers"

Décembre est généralement le mois où le très réputé et libéral Time Magazine publie son classement des plus grands hommes de l'année. Au vu du peu de chance de retrouver le bien-portant Bobby Worrest dans un de ces classements, notre bonne vieille rédaction a jugé nécessaire de se lancer dans le business du classement pour pouvoir rétablir ce tort.
 


Premier opus et #11 de ce classement : le tout-terrain et all-around-dégarni Zered Bassett. Un premier choix volontairement très mainstream puisque sa part est issue de la vidéo Transworld Outliers. Pour nos ventripotents journalistes, un tel choix relève de la prise de position idéologique. En effet, ce qui est apprécié chez Doc Z, ce sont les paradoxes qui l'animent. Membre actif du team Red Bull, il n'est pas le dernier pour apparaître dans des clips à la légitimité douteuse ou dans l'émission de TV réalité Sheckler's Sessions.



Cependant, comme cette part le démontre, il n'est pas non plus le dernier pour sortir des parts filmées  à 95% sur les spots craquelés de la East Coast. Zered propose tour à tour de violents hammers sur des spots new-yorkais sur-médiatisés et des moments du pure poésie dans d'obscures allées où Carrie Bradshaw et ses comparses de Sex & the city font pipi en sortant de night-clubs branchés la nuit. Une autre dimension appréciée chez ce natif du Massachusetts, c'est qu'a contrario d'autres légendes de la East Coast telles Anthony Pappalardo, Bobby Puleo, ou même Joey Pepper ces jours-ci, il n'utilise pas ses origines est-américaines pour nous sabrer les couilles avec des discours sur la difficulté de skater out there ni pour justifier son incapacité à produire plus de 15 secondes de skate filmé par an. En somme, c'est à la candeur de cet attachant individu boosté à la taurine que nous levons notre bob fleuri en cette fin d'année.

Faute de présence internet, nous somme dans l'impossibilité de poster la dite part, vous devrez simplement vous contenter de ce remix Quartersnacks qui remet bien les pendules à l'heure tout de même. Nostra culpa.




mercredi 15 octobre 2014

Gino Iannucci s'explique sur le canular du bob

Gino Iannucci : "Je voudrais m'excuser auprès de la communauté du skateboard, je ne pensais pas qu'une blague aussi inoffensive allait prendre de telles proportions au point que tous les skateurs aillent se mettre à porter un bob."

Alors que le France se remet encore difficilement du canular stupide et coup de génie médiatique de Nicolas Bedos pour la sortie fictive de son livre Les serments indiscrets au sujet tout aussi fictif de sa relation avec Valérie Triewieler, c'est au tour de Gino Iannucci de s'expliquer sur une mauvaise blague qui a pris d'invraisemblables proportions et qui s'est propagée viralement à travers la skatosphère. Retour sur un trait d'humour qui vire au cauchemar.
 
2012

Gino Iannucci est absent depuis plusieurs années de la presse skateboardistique. Parallèlement, sur les forums de skate, les posts concernant Gino se multiplient : spéculations sur sa prochaine part, déclarations d'amour à ses anciennes parts, déclarations de haine à sa présente feignantise et geingnardise. La skatosphère est en ébullition et réclame sa production ginesque quinquennale. 

Fin de l'année, pour marquer le coup de la sortie de la Nike Team Edition, Nike présente le dit soulier accompagné d'une séquence de Gino. Retour en grande(s) pompe(s) pour l'italo-américain avec un combo jamais vu sur un spot qui fait honneur à ses ancêtres, la gare de Milan. Oui, mais voilà, un détail choque l'opinion public : Gino apparaît coiffé d'un bob.


Dope steezy banger out of the blue

 2013

La skatosphère s'emballe et les people ne tardent pas en endosser, ou plutôt entêter le fameux et très controversé couvre-chef. Aujourd'hui et malgré cet aspect informe, le bob semble faire l'unanimité auprès des stars mainstream comme des individus à l'avant-garde de l'underground. Au niveau mercantile, Hélas, Palace, Magenta, mais aussi Nike ont hélas profité de cette aubaine marketing et se sont lancés à l'assaut du marché du couvre chef qui n'avait ni devant, ni derrière, ni avenir..

Dansez marionnettes, dansez !
 
Le couvre-chef est rapidement repris par la communauté hipster, qui n'est pas la dernière lorsqu'il s'agit de se parer d'accessoires qui donnent l'air un peu plus cons qu'on l'est déjà.
 
2014
 
Oui, mais voilà, ces jours-ci une vidéo vient de paraître au cours de laquelle Gino s'explique sur les dessous du shooting de cette fameuse pub Nike :
 



Pour les non-anglophiles, et ceux qui ont autre chose à faire, nous nous efforcerons de retranscrire le plus fidèlement les propos du sieur :

"Ouais, en fait on était un peu bourré la veille, j'avais taquiné le Lambrusco sévère et en sortant du resto, Reda à trouver un bob dégueulasse dans une rigole et l'a gardé. Comme on ramassait sévère le lendemain, on est allé chiller à la gare de Milan et j'ai mis le bob pour déconner un peu, je faisais une imitation de Jean-Claude Duss. Bref, une chose en amenant une autre, je fais un banger sur-steezy avec le bob et on se dit que ça serait pas mal d'en faire une pub pour rigoler, à la Enjoi quoi, histoire de décoincer les skateurs trop sérieux et obnubilés par leur apparence.
Sauf que tout est rapidement devenu hors de contrôle et tout le monde s'est mis à porter des bobs. Des petits, des larges, des avec ficelles. C'est vraiment devenu n'importe quoi, nous avons vraiment commencé à nous inquiéter. On avait pas prédit que les skatos ne comprendraient pas le second degré...
Je voudrais présenter mes excuses à tous les skateurs victimes de ce canular et à tout le team Palace."

Des propos qui se passent de commentaires au vu des terribles conséquences de son acte. D'autant plus que Gino n'en est pas à son premier canular qui tourne au vinaigre. Rappelez vous en 2003, la Yeah Right ! sortait avec une superbe part de Gino au cours de laquelle il surprenait tout le monde avec un 3-6 shove it à Flushing Meadows, NY.

3-6 shove it, ou comment la mode de la pâte à pizza commença

Une farce qui, elle aussi, dégénéra pour le pire. Petits et grands se mirent à balancer des 3-6 shove its, et les planches se mirent à tournoyer sur les spots plus rapidement que des pâtes à pizza sur les doigts de pizzaïolos avertis. Un phénomène particulièrement perceptible en France, qui donna lieu à des dérives dangereuses qui inquietèrent les intellectuels du skate. Des images terribles.



mardi 26 août 2014

René la Taupe ou le skate underground

A l'heure où les circuits de compétition Street League et Mountain Dew semblent être devenus les institutions de référence pour représenter le skate auprès du grand public, nombreux sont les skaters qui ont décidé de revenir aux racines du skate en choisissant une pratique underground. Au cours des dernières années, ont fleuri ça et là des marques mettant l'accent sur la nature indépendante et quasi-artisanale de leurs techniques de travail ou leur éthique : Polar, Magenta, Palace, Politic, ou plus anciennement Trauma etc. Des graphismes originaux, des skateurs créatifs sortant du traditionnel format hammer ; l'idée était de proposer une alternative aux marques de skate mettant en avant une pratique coupée du quotidien des skaters lambda souvent composé, il faut bien le reconnaître, de sessions sur des micro-curbs devant la supérette.


A y réfléchir, il semble que la culture populaire ait amorcé le même virage que l'industrie du skate.


Prenons l'illustre pop-star virtuelle René la Taupe, par exemple. Avec des centaines de milliers de disques vendus, sous ses airs de farceur et bon vivant, il semble bien inoffensif et destiné en premier lieu à un public d'enfants. Bien heureux les simples d'esprit. En réalité, René la Taupe est à la culture populaire ce que Pontus Alv et Shawn Powers sont au skateboard : une alternative. En effet, son ventripotent physique et sa bonhommie omniprésente sont une réponse aux modèles des pop-stars hyper-sexualisées à la plastique parfaite. Symbole de la révolution underground, René la Taupe permet à l'auditeur moyen, las des bêlements lascifs des Britney Spears et autres Ke$ha, de retrouver un sentiment de proximité avec l'artiste-interprète qu'il écoute.

Par ailleurs, il est évident que ce rapprochement a influencé les vidéastes de skate underground. En effet, comment ne pas voir dans cette section de la vidéo Tengu, réalisée par Colin Read, un clin d’œil subtil à l’œuvre de René la Taupe. Tels les mammifères fouisseurs nocturnes que sont les taupes, les skate-protagonistes de ce clip évoluent de nuit dans des galeries souterraines et proposent un skate sortant des sentiers battus. Clou du spectacle, le ollie de Connor Kammerer par-dessus la ligne de métro est une métaphore à prendre littéralement : au péril de sa vie, il nous incite à franchir cette ligne pour, nous aussi, nous engager dans une pratique du skate alternative.

                                

Les journalistes de notre bonne vieille rédaction ne sont pas avares lorsqu'il est question d'underground. En effet, l'un de nos reporters les plus engagés a d'ailleurs affirmé avoir inventé le skate underground. Après maintes railleries, il nous a scientifiquement prouvé, photographie à l'appui, qu'il était l'inventeur d'une des manœuvres phares du chef de file des powerslides alambiqués, Léo Valls.
Des images choc, qui laissent inévitablement une ombre au tableau du skateboard underground.


one foot bs nose blunt powerslide (post 2010)


one foot bs nose bluntpower slide full speed 10 ans avant la popularisation de cette manœuvre
Pour ceux qui douteraient de l'authenticité de cette preuve photographique indéniable, il suffit de se pencher sur les DVS Sean Sheffey portées par le sujet, alors âgé de 11 ans,  pour pouvoir dater la photographie sans hésitation.


vendredi 22 août 2014

Numéro spécial été : MACBA ou les vertiges de l'anonymat ( + un NBD à MACBA en cadeau !)

Dans un souci de faire face au déclin de la presse écrite, la rédaction de La Lodge a décidé de sortir un numéro spécial été pour plaire à la ménagère de moins de 50 ans avide d'exotisme. Dans ce numéro, destination de choix, de rêve, de fiesta, c'est à Barcelone que nous avons envoyé notre reporter sans frontières. Capitale mondiale du skate où les crews des quatre coins du globe se retrouvent, Barcelone est aussi connue comme la ville qui permet l'accès à la célébrité instantanée pour le skater lambda qui peut se mesurer à ses pros préférés en s'attaquant aux mêmes spots qu'eux. 

Exemple des ravages de la course à la skate-glory

C'est donc dans cette optique que nous avons catapulté notre envoyé spécial en stage techitude à MACBA. Au cours d'une enquête digne de Capital, l'histoire des sourcils en moins, nous allons vous révéler comment l'Espagne, un pays pourtant noble qui sait rafraîchir ses habitants à bas prix, maintient son peuple dans la dépression et le confine à l'anonymat skateboardistique le plus cruel.

Notre envoyé spécial a su se fondre dans le décor
En effet, les sessions de notre envoyé spécial à MACBA ont révélé un monde sans pitié où aucun ne peut échapper au gouffre de l'anonymat. Fort de ses sessions sur son spot local où son benihana par dessus la fun-box centrale fait mouche à chaque fois, notre reporter s'est heurté à un monde sans pitié où il semble que l'unique trick de flat autorisé soit le 3-6 flip. Ce trick est à rentrer obligatoirement de manière autoritaire, la jambe arrière tendue à l'horizontale et gare à celui qui affichera une mine réjouie de sa prouesse. Non, chers lecteurs, le 3-6 flip à MACBA se replaque en soufflant d'insatisfaction face à l'évidente imperfection de son trick poppé à 50 cm de haut et recatché avant même la phase descendante. Une expérience douloureuse pour notre courageux reporter pour qui la coutume était jusque-là de replaquer ses 3-6 flips en hang ten.

Découpe de la replaque d'un 3-6 flip de notre envoyé spécial, 
devenu la cible de quolibets le temps d'une session
La confrontation avec les locaux fut une rude épreuve également. Le skateur catalan arbore par nature un air patibulaire lié à son aversion pour l'envahissement progressif, mais certain, de ses spots. Sa meilleure façon de vous le faire savoir sera de faire le trick que vous venez de faire, mais plus long, plus rapide, avec un flip in, un flip out, le tout en vous regardant dans les yeux sans ciller (et to fakie aussi). Une autre population non-négligeable sur les spots sont les techos brésiliens pour qui la pratique du skate semble être un vrai calvaire, au vu de pourcentage de tirage-de-gueule par m². Pour témoigner de leur engagement et du sérieux de leur lutte, la majorité d'entre eux sont affublés d'un vêtement aux motifs camo aux subtiles connotations hip-hop et guerrières, le tout dans des tons très urbains.
Désillusion et stupeur furent au rendez-vous pour notre reporter qui pensait trouver des amitiés inoxydables lors de ces sessions. Ses sourires amicaux et mutins en quête d'un partenaire de session restaient sans réponse, sa main levée dans les airs pour un high five de célébration fut dédaignée à maintes reprises. Perdu dans un tourbillon de tricks, impossible pour lui de trouver ses repères. Dérouté, esseulé, il dût lutter pour se faire une place au sein du rythme effréné et sans pitié des sessions à MACBA au cours desquelles toute personne osant tenter un trick différent des autres ne tarde pas à recevoir une canette de Xibeca à la fraîcheur douteuse sur le crâne.


Exemple d'une session à Barcelone : la tyrannie
 de la conformité réduit les masses au skatesclavage

Monde corrosif et sans pitié, MACBA laisse peut de place pour ceux qui cherchent à briller. Noyé dans un tourbillon d'excellence, le skateur ne peut plus se démarquer des autres. Seul le recours à l'hypertech permet quelques secondes de postérité au prix d'efforts démesurés. En bon élève, notre reporter a payé son NBD, mais à peine fut-il replaqué qu'aussitôt oublié. Le footage dont nous allons vous faire part démontre l’absence d'acclamations ou de high fives en tout genre de la part de ses pairs. Non, telle une étoile filante, notre reporter a cessé d'exister aux yeux des locaux à peine son trick replaqué. Des images terribles.

Les NBDs à MACBA n'attirent plus aucune attention dans 
un monde régi par les lois de la compétitivité.

dimanche 10 août 2014

Skateboard, politique et théories du complot

Puisque, comme l'avaient dit ces bons à rien chevelus de la contre-culture, "le personnel est politique", cela n'était donc qu'une question de temps avant que le skateboard, après avoir conquis avec succès les marchés de la mode et de la musique, se lance à l'assaut de la politique. Un véritable reclus de la société, le skater est généralement tenu à l'écart des hautes sphères de la politique. Cependant, il n'en est pas un moins un activiste chevronné qui aime passer à l'action sur fond de théories du complot séduisantes et gros blunts épicés. Précurseurs dans ce domaine, voilà bientôt une décennie que les fameux WE Activists se battent pour un monde meilleur où tout le monde aurait des Ray Bans et un argentique.

Manifestation ultra-violente des WE Activists, menée par Chris "el Ché" Pastras,
suite au scandale des chemises silm-fit mal taillées.
Plus récemment, à l'autre bout de la planète, ce sont les japonais du Far East Skate Network qui se sont lancés à l'assaut de la politique avec un sujet d'actualité brûlant : les bombardements du Japon de 1945 par les Américains.



Alors que les moins perspicaces d'entre vous ne voient là qu'un acte héroïque à travers cette dénonciation qu'aucun n'avait osé abordé jusque là, les rédacteurs de la Lodge ont décidé de creuser l'affaire et se sont vite aperçus qu'elle reposait sur un nébuleux complot qui tiendrait éveillé des jours durant tout skateur amateur de la littérature de Dieudonné et autres Illuminatis. En effet, ce clip brouille les pistes à plus d'un titre. La musique symphonique grandiose associée au T-shirt "proud to be a Japanese" nous donne l'illusion que ce clip a pour but de redonner à l'empire Japonais ses lettres de noblesse en tant que terre où il fait bon powerslider les yeux fermés.

Cependant, ceux d'entre vous qui auront déjoué le complot auront bien compris que ce clip n'a pour but réel que la promotion de la nouvelle ligne de vêtement engagée de LIBE brand, intitulée "1945". Un rapide coup d’œil au site de la marque vous permettra de vous rendre compte que cette ligne est constituée exclusivement de pièces typiquement américaines (voir ci-dessous) sur lesquelles ont été brodés les logos de la marque. LIBE introduit donc en douce tout ces produits américains jusque-là absents du marché japonais : blousons de baseball, sweats à capuche, pantalons Dickies, etc. Un simple changement d'étiquette, et zou, la ménagère japonaise achète américain tout en croyant augmenter le PIB de son pays. Instrumentalisation par le Pentagone ou pots-de-vin de Washington, toujours est-t-il que le Réseau Skate de l'Extrême-Orient est une fois de plus mis au service de l'oncle Sam.

blouson de baseball nipponisé 

Ceux d'entre vous qui s'insurgent contre ces techniques abjectes et maudissent déjà l'Amérique devraient cependant garder à l'esprit que la propagande vient toujours là où l'on l'attend le moins, et mieux vaut se tenir sur ses gardes. Par exemple, regardez et contextualisez cette pub :

Wall-ride bien sous tout rapport

Au premier abord, nous avons une pub bien sous tout rapport. Un bon trust à l'américaine qui manufacture planches, roues, vêtements, roulements, chaussures, vis, bagagerie, sponsorise la crème de la crème et se vend dans les grandes surfaces. Le skateur, un jeune homme sponsorisé par DC, autre marque bien sous tout rapport. Mais ouvrez bien vos yeux et vous verrez l’innommable apparaître :

Propagande gauchiste en plein hammer
Nom d'un skate-tool ! Ce sont bien des affiches de propagande gauchiste qui sont placardées sur ce spot. Et le trick ? Un wall-ride ? Bien sûr, comment ne pas voir là autre chose que la nostalgie des années du Rideau de Fer (le Berlin Wall) qui séparait les gens biens des mauvais. Le skateur ? Un chevelu, un hippie ! Professionnel en plus ! Payer à s'amuser ! Element, sous couvert du capitalisme, s'efforce donc de faire passer des messages communistes et tente de démobiliser le travailleur en le convaincant qu'il pourra un jour gagner sa vie en s'amusant sur sa planche. Et que dire des camps de skate Element au cours desquels de jeunes skateurs innocents se font bourrer le crâne de légendes sur le soi-disant réchauffement climatique et la nécessité d'économiser les matières premières ?

Face à ce constat accablant, nos chers journalistes, devenus activistes le temps d'un café, ont décidé de prendre les armes. C'est donc dans un effort de solidarité que toute la rédaction de la Lodge se joint à ce message dans l'espérance de faire changer les choses : pour l'amour du CAC 40, chères marques de skate, laissez nos jeunes skateurs en paix, qu'ils puissent se forger eux-même leur conscience politique en partageant un bong d'épices orientales, regardant des vidéos de Dieudo et en achetant des bobs fleuris pour le prix d'une semaine de vacances.

dimanche 6 juillet 2014

Dylan Rieder ou l'excursion au musée


La nouvelle pub pour les souliers HUF mettant en scène le bel éphèbe Dylan Rieder a beaucoup fait parler d'elle dans les bureaux cette semaine. Certains de nos chroniqueurs sont restés insensibles au charme de ce Vincent Gallo à roulettes, mais bon nombre d'entre eux ont salué sa prestation scénique et ses performances acrobatiques, clamant qu'il était bon de voir du skate artistique enfin filmé avec brio.

Il est vrai que cette vidéo souligne à quel point le skate est une discipline artistique qui met tous les autres sports à l'amende. Du noir et blanc à Berlin, de la musique qui donne envie de regarder par la fenêtre lorsqu'il pleut et du gigotage de bras digne d'un "Et on fait tourner les serviettes" de mariage en milieu rural. C'est l'impression d'une excursion au musée aux côtés du beau Dylan que nos journalistes ont expérimentée après être ressortis du département audiovisuel des bureaux. Un peu dépassés par les références culturelles disséminées ça et là par l'artiste angelin et berlinois le temps d'un week-end, ils ont cependant senti qu'on s'adressait là à une part de noblesse qu'ils avaient en eux, à un niveau de compréhension du monde de l'art que seuls les skateurs partagent. En effet, digne héritier d'Andy Wharol, Dylan offre une version du skate à mille lieues des vidéos de gueux au sourire niais se high-fivant à tout va qui pullulent sur les réseaux sociaux. Bien heureux les simples d'esprit. Son skate se comprend comme du méta-skate, du skate qui parle du skate, qui convoque ses failles et les cristallise sous l’œil du spectateur, qui hoche la tête d'un air entendu. Dylan voit le monde comme une toile, et propose un skate alternatif et militant, à l'abri des projecteurs du skate-bizz corporate :

Frontside flip contre la médiocrité à l'abri des regard

La foule de chroniqueurs fut particulièrement sensible à l'apparition de la poitrine féminine durant le clip. Alors que les suppositions quant au tour de poitrine de la muse de Dylan fusaient, mon voisin me fit remarquer qu' un autre bel éphèbe du monde du skate, Freddy Gall, avait déjà aussi montré la relation étroite qu'entretenait son skate avec le corps féminin. L'approche des skateurs/artistes diffère cependant, Fred Gall faisant preuve d'une certaine franchise dans le montrage des roberts de sa muse qui n'est pas sans déplaire à notre rédaction.

Essai sur l'influence des glandes mammaires et du houblon à bas prix sur le skate East Coast par Frederick Hubert Gall

Quoiqu'il en soit, la session post-visionnage de nos chroniqueurs fut riche en émois. Empreints de l'ivresse artistique, ils skatèrent comme rarement ils l'avaient fait, agitant frénétiquement leurs bras comme seuls les skateurs, en amoureux des formes, savent le faire. Chaque replaque fut savourée et célébrée par une pose alambiquée. Certains fumaient en skatant, d'autres prenaient des photos argentiques pendant que d'autres encore peignaient de gros pénis parcourus de veines violacées. Le skate en tant que mouvement artistique prenait enfin tout son sens.

Nous conclurons sur le Dylan créateur. Car c'est avant tout pour mettre en valeur son pro-model que ce court métrage à vu le jour. Vivant au sein de l'épicentre de la mode, Dylan a convoqué plusieurs tendances pour élaborer son pro-model. La chaussure se nourrit d'influences de Karl Lagarfel, JP Gaultier, John Galliano. Aussi, c'est un coup dur pour le monde de la mode que de se rendre compte que la Dylan de HUF ressemble étrangement à un modèle de Creeks disponible à 29, 99 € chez Eram.



Le roll-on grind, symptôme d'une génération de feignasses

  Lylian Fev, roll-on fs crook  https://soloskatemag.com/lilian-fev-unique-relique-from-paris   Phénomène observable depuis maintenant plusi...