mercredi 10 août 2016

Jason Dill et la campagne #Help_us_to_shop

L'ouverture du shop Supreme à Paris, et des centaines de jeunes contraints d'attendre sur le trottoir. Certains d'entre eux n'avaient plus de batterie, ni aucun moyen de recharger leur téléphone pour partager leur géolocalisation sur Facebook ou consulter les dernières paires de sneakers en vente sur Ebay. Des images terribles.


En Septembre prochain, le monde de la street-wear s'apprête à connaître un micro-séisme puisque la marque Supreme sortira sa collection "back to school". Il est désormais de notoriété publique que traditionnellement, cette collection d'automne suscite un engouement très marqué tant par les inconditionnels de la marque que pour les néophytes qui cherchent à s'habiller pour la rentrée.

On se rappelle encore la surprise des autorités lors de l'ouverture du shop parisien, et l’affût massif de jeunes venus faire des emplettes. Mouvement aussi subit qu'écrasant, cette vague de clients a fait l'objet d'une appellation particulière par la Mairie de Paris : les fashion-migrants. Phénomène relativement récent, ce terme désigne ces jeunes qui sont contraints par des forces extérieures à venir s'approvisionner dans des hauts-lieux du prêt-à-porter. Des conditions de vie souvent difficiles pour des jeunes contraints de débourser parfois jusqu'à 500€ d'argent de poche pour se protéger du froid.

 
Jason Dill, skateur engagé corps et âme dans la campagne #Help_us_to_shop. Quand il ne consacre pas son temps à la campagne, Jason filme aussi des lines à Répu en agitant beaucoup les bras.




C'est dans l'optique d'éviter un nouveau drame tel que celui de l'ouverture du shop parisien et l’afflux en masse de migrants-fashionistas que Jason Dill, skateur californien chevronné et sensible aux problèmes sociaux rencontrés par les plus jeunes, a décidé de mettre son image au service d'une campagne fraichement lancée : #Help_us_to_shop
"Il faut pouvoir veiller à ce que tous les jeunes puissent faire du shopping en tout sécurité. Aujourd'hui, tout skateur a droit à sa casquette Supreme." 

Campagne lancée par un collectif de shopper-addicts, #Help_us_to_shop a pour objectif de prévenir les incidents liés au shopping de masse et veiller au respect de la personne et la dignité des fashion-migrants.

#Help_us_to_shop et Supreme unissent leur force au service des fashion-migrants

Le but est simple : améliorer la vie des fashion-migrants dans ces files d'attente interminables, notamment lors d'occasions particulières tels qu'un coloraway en édition limitée, ou un co-branding bien senti. En clair, il s'agit de fournir aux fashion-migrants des éléménts de premières nécessité. 

Faire la queue pour une édition limitée peut très vite vire au calvaire, surtout si l'on n'est pas préparé. Crotte de chiens, fumées de pots d'échappement, piétons sapée à la mode de l'année dernière... le danger est partout.
 
Les bénévoles de #Help_us_to_shop se sont donc démenés pour récolter de la nourriture et des boissons à servir à ces jeunes dans le besoin. Une tâche relativement difficile, car les us et coutumes de ces fashion-migrants différent par fois des nôtres. Ainsi, lors de la sortie d'une édition limitée de la Dunk Ishod Wair devant un Nike Store, les bénévoles se sont heurtés au refus des fashion-migrants, qui ont pris ce geste pour de la pitié mal placée (voir photo ci-dessous).  Après un temps de dialogue et d'échanges, les bénévoles ont pu mieux cerner les besoins de ces jeunes. Désormais, il s'agit avant tout de leur fournir des bagels ou des burgers #homemade, ainsi que des boissons chaudes de chez Starbucks (hors café du jour), mais aussi des chargeurs de Iphone 6 ainsi que des perches à selfies.

 Le jour de la sortie de la Dunk Ishod Wair, les bénévoles ont apporté aux fashion-migrants des kebabs d'un restaurant dans le voisinage du magasin. Se sentant insultés, les jeunes ont saccagé le magasin en jetant la nourriture sur le propriétaire du restaurant-kebab. La barrière des cultures est parfois un obstacle difficile à appréhender.

lundi 8 août 2016

Spot central parisien, la place de la République frappée d'une interdiction


Ce mois-ci, une nouvelle atteinte aux droits des pratiquants de skateboard parisiens a été commise. La place de la République, épicentre du skate parisien, s'est vue frappée d'une interdiction. Suivant la tendance du "tout numérique" et des réseau sociaux, le service Jeunesse et Sports de la Mairie de Paris a décrété qu'il serait désormais interdit de skater sur la place de la République sans se filmer et poster ses clips sur Instagram.

Thierry Braillard, secrétaire d’État au sport s'explique : " De nos jours, dans le skate-game, il est indispensable de diffuser sa session quotidienne si vous cherchez à peser sur la scène. A partir de maintenant, nous allons assurer une veille quotidienne pour vérifier que chaque pratiquant prenne bien la peine de se filmer et poster son clip avec un minimum de cinq hashtags. Nous allons mener une politique zéro tolérance envers les réfractaires qui comptent pratiquer sur la place sans prendre le temps de faire un Insta."

Tristan, 15 ans, ne sort plus jamais skater sans son portable et se retrouve obligé à réaliser des édits quasi-quotidiennement, parfois au détriment de la qualité, une charge pesante en plus de son travail scolaire.
Une décision jugée largement arbitraire par les premiers concernés, les jeunes pratiquants de "Répu". Tristan, jeune skateur du 12e arrondissement s'exprime : "Avec ce nouvel arrêté, on n'a même plus la possibilité de pratiquer comme on veut. A peine on arrive, on doit direct sortir les portables et on se filme. L'autre jour, un ami à moi à voulu skater pour le plaisir, et il s'est pris une amende direct, il a eu beau dire qu'il s'entrainait pour une nouvelle édit', rien n'y a fait."

L'obligation de poster sa session quotidienne est devenue une véritable corvée pour l'adolescent. Pour aller plus vite, il avoue parfois bâcler le montage en se rabattant systématiquement sur de la trap-musique vindicative et des interactions entre autochtones alcoolisés de la place, conférant ainsi une street crédibilité à ses edits.

Hors antenne, Tristan nous explique qu'il est parfois lassé des bâtons mis dans les roues des skateurs par la mairie, et il nous confessera même nourrir le désir de tout arrêter pour monter un groupe reggae et se coller des douilles, une activité socialement mieux acceptée. La rédaction est de tout cœur avec Tristan, et nous souhaitons beaucoup de réussite dans ses futurs projets à ce jeune ambitieux.

Tristan, la tête pleine de projets

Le roll-on grind, symptôme d'une génération de feignasses

  Lylian Fev, roll-on fs crook  https://soloskatemag.com/lilian-fev-unique-relique-from-paris   Phénomène observable depuis maintenant plusi...